Contexte juridique et enjeux
À l’appel des partis ultra-orthodoxes Judaïsme unifié de la Torah (JUT) et Shass, des milliers de manifestants ont afflué de tout le pays à Jérusalem pour réclamer le rétablissement d’un régime d’exemption du service militaire pour les étudiants des yeshivot, arrangement qui avait été invalidé par la Cour suprême.
Origine de l’exemption et contexte sécuritaire
Cette exemption, mise en place lors de la création de l’État d’Israël en 1948, a longtemps permis aux ultra-orthodoxes de ne pas servir à condition de se consacrer à l’étude des textes sacrés dans les yeshivot.
La guerre à Gaza a fragilisé ce cadre, alors que des centaines de milliers d’Israéliens ont été mobilisés et que l’armée manquait de soldats et de réservistes.
LOI EN DISCUSSION
En juin 2024, la Cour suprême a tranché qu’une loi visant à régulariser la conscription des ultra-orthodoxes devait être votée. Le projet en discussion devant une commission parlementaire viserait à faire engager le service pour les jeunes ultra-orthodoxes qui n’étudient pas à plein temps dans les yeshivot.
Pour une partie des rabbins ultra-orthodoxes, l’appel à l’armée pourrait représenter un danger pour la fidélité des jeunes à la pratique religieuse, tandis que d’autres estiment acceptable que les fidèles non engagés à plein temps puissent s’enrôler.
Conséquences politiques et coalition
Les formations Shass et JUT ont quitté le gouvernement en attendant la mise en œuvre d’un projet de loi promis dans les accords de coalition fin 2022, destiné à pérenniser l’exemption.
Si Shass (11 sièges) se retire de la coalition à cause de cette loi, le Premier ministre Benjamin Netanyahu pourrait perdre sa majorité et se trouver confronté à des élections anticipées, selon des spécialistes.
Chiffres et mobilisation
Les ultra-orthodoxes représentent 14% de la population juive d’Israël, soit près de 1,3 million d’habitants. Jusqu’à récemment, environ 66 000 hommes en âge de servir bénéficiaient d’une exemption. Des milliers d’ordres de recrutement ont été envoyés ces derniers mois et plusieurs déserteurs ont été incarcérés, alimentant les appels à manifester.