Décès de Ziad Takieddine, figure centrale de l’affaire Sarkozy
Ziad Takieddine, intermédiaire franco-libanais impliqué dans l’affaire suivie par le tribunal correctionnel de Paris, est décédé mardi matin à Beyrouth. Son avocate française, Me Elise Arfi, a confirmé l’information à l’AFP, relayée par Le Point.
Âgé de 75 ans, il avait à de multiples reprises pris la parole pour remettre en cause l’ancien président, accusant Sarkozy d’avoir reçu des financements de la Libye de Mouammar Kadhafi. Dans ce dossier, le Tribunal correctionnel de Paris devait rendre jeudi son jugement et Takieddine était visé par un mandat d’arrêt.
Parcours judiciaire et condamnation liée à Karachi
Takieddine avait été condamné mi-2020 à cinq ans de prison ferme dans le volet financier de l’affaire Karachi, qui porte sur des commissions sur des contrats d’armement entre la France, l’Arabie saoudite et le Pakistan. La condamnation a été confirmée en appel début 2025; il s’était réfugié au Liban peu avant le jugement de première instance.
Évolutions de ses déclarations et implications judiciaires
Dès mai 2012, il affirmait à la presse que le financement libyen de la campagne de Sarkozy était la vérité. Fin 2016, il évoquait des valises d’argent et un versement de 5 millions d’euros en 2006 et 2007 à Nicolas Sarkozy, alors ministre de l’Intérieur, et à son directeur de cabinet Claude Guéant. Il a ensuite renouvelé ces propos devant le juge d’instruction, mais fin 2020 il disait que Sarkozy n’avait pas bénéficié de tels financements. Cette volte-face a été interprétée par la justice comme une possible subornation de témoin, et a donné lieu à des mises en examen de plusieurs personnalités, dont Nicolas Sarkozy et Carla Bruni-Sarkozy.
Biographie et parcours
Né le 14 juin 1950 dans une famille de Druzes libanais, Takieddine a longtemps évolué dans le secteur de la publicité avant de quitter le Liban, marqué par la guerre civile. Dans les années 1980, il dirigeait Isola 2000, une station des Alpes françaises, et a entretenu des liens avec plusieurs responsables de droite. Fort de ce réseau, il a été impliqué dans la négociation de contrats de défense liés à Karachi. Son influence a ensuite décliné après un divorce et la concurrence avec Alexandre Djouhri, alors que commençaient ses démêlés judiciaires.