Blösch au Schauspielhaus Zürich : adaptation théâtrale du roman de Beat Sterchi et controverse

Spectacles

Contexte et origine de l’œuvre

Blösch, nom donné à une vache emblématique d’une ferme bernoise, est au cœur d’une adaptation théâtrale au Schauspielhaus Zürich. Dans l’étable de Knuchel, l’inquiétude domine après la naissance d’un veau. Le spectacle s’appuie sur le roman de Beat Sterchi, publié vers 1983. En édition française chez Zoé, le roman porte le titre La vache. Selon l’ouvrage, il s’agit d’un document littéraire sur la vache qui est souvent comparé à Moby-Dick pour son exhaustivité et son souci documentaire, tout en restant ancré dans le canton de Berne.

Une transposition scénique et ses enjeux

Beat Sterchi, fils de boucher, associe deux trajectoires dans cette adaptation: Ambrosio, Espagnol engagé comme valet de ferme, finit par exercer des tâches liées à l’abattoir; et Blösch, qui passe du statut de bonne laitière à celui d’un animal destiné à l’équarrisseur.

Publié vers 1983, le livre évoque une atmosphère lourde et âcre — odeur de fumier, de sang et de lait — et est décrit comme brutal. Transposé sur scène, l’objectif était une œuvre percutante; le spectacle du Schauspielhaus a été perçu comme une proposition plus tempérée.

Une mise en scène et ses choix

Rafael Sanchez, metteur en scène bâlois et co-directeur du Schauspielhaus, tente de rapprocher la fiction du roman tout en la rendant plausible dans le cadre rural bernois. Blösch est incarnée par Mirjam Rast, qui chante aussi des passages en français, notamment « Toi tu veux mon lait ». Le décor de l’abattoir est suggéré par un décor métaphorique et stylisé plutôt que par une représentation brute.

Réception et contexte culturel

Le théâtre zurichois évolue dans un contexte où des débats culturels et linguistiques alimentent les critiques. Le texte, écrit en allemand, est traduit en bernois par Mike Muller, figure reconnue du paysage culturel suisse; l’absence de surtitres pour le public non bernophone est relevée comme une barrière d’accès, notamment pour les spectateurs germanophones et francophones.

Le propos du roman, qui décrit les conditions ouvrières dans les abattoirs, le statut des animaux et des questions liées au racisme, est inscrit dans le cadre des réflexions postérieures aux initiatives xénophobes Schwarzenbach. Ambrosio, muet dans la langue, subit les tensions sociales de l’époque.

Conclusion et regard critique

La direction privilégie une tonalité d’opérette paysanne, agrémentée d’éléments folkloriques et de costumes traditionnels, avec un décor qui évoque une atmosphère de ferme plutôt que de réalisme brutal. Blösch est incarnée sur scène par Mirjam Rast et interprète des passages en français; l’abattoir est évoqué dans un décor fortement allusif. Le choix artistique a suscité des réactions contrastées, et l’ancien intendant Nicolas Stemann a été remercié en 2024 dans un contexte de polémique autour du wokisme. Le spectacle Blösch est donné au Schauspielhaus jusqu’au 3 décembre 2025. Note: 2/5