Contexte et vote autour du budget 2026
Plusieurs formations de gauche avaient porté une proposition d’imposition minimum sur le patrimoine, s’appuyant sur les travaux de l’économiste Gabriel Zucman. L’initiative visait un taux de 2 % sur les patrimoines dépassant 100 millions d’euros.
Une version de compromis défendue uniquement par le PS prévoyait, elle, un taux de 3 % à partir de 10 millions d’euros, avec une exclusion ciblée pour certaines entreprises dites innovantes ou familiales.
Résultats du scrutin et statut des propositions
Le vote sur la « taxe Zucman » a donné lieu à un rejet clair, 228 voix pour 172, et une version allégée a été écartée par 228 voix contre 171. Le texte de compromis présenté par le seul Parti socialiste a également été refusé.
Réactions et perspectives politiques
Des responsables de gauche ont exprimé leur inquiétude face à ce qu’ils perçoivent comme une impasse budgétaire. Boris Vallaud, chef du groupe PS, a critiqué ce qu’il décrit comme une intransigeance qui complique l’élaboration d’un cadre fiscal accepté par les différentes franges du parlement.
Le Premier ministre Sébastien Lecornu a passé l’après-midi à l’Assemblée et a plaidé pour une « méthode différente », appelant les ministres à réunir les représentants des groupes politiques afin de trouver un terrain d’entente et écarter l’idée d’un « impôt miracle » pour rétablir la justice fiscale. Il a également indiqué qu’il était prêt à renoncer au gel des pensions et des minimas sociaux pour progresser sur le dossier.
Positions et échanges entre partis
À droite, Laurent Wauquiez s’est déclaré satisfait du rejet et a estimé que cela montre qu’aucun accord n’est envisageable avec un pouvoir qu’il accuse d’appliquer un programme contraire à ses positions.
À gauche, Mathilde Panot (LFI) a évoqué une position selon laquelle le dialogue avec le pouvoir en place reste difficile, tandis que le député socialiste Arthur Delaporte s’est dit inquiet mais a ajouté que d’autres amendements, notamment sur le rétablissement de l’ISF, pourraient encore être débattus dans ce cadre budgétaire.
L’entourage du Premier ministre a laissé entendre que Lecornu reviendrait plus tard sur les suites à donner au débat, alors que les amendements continuent d’être examinés dans l’hémicycle.
Éléments économiques et critiques
Les échanges ont aussi porté sur la part du produit intérieur brut (PIB) détenue par les plus grandes fortunes et sur le niveau d’imposition qui leur est appliqué par rapport à la moyenne des contribuables français. Selon Boris Vallaud, le patrimoine des 500 premières fortunes serait passé de 6 % du PIB en 1993 à 43 % aujourd’hui, et le taux moyen d’imposition des milliardaires serait autour de 30 %, contre environ 50 % pour le reste de la population.
La ministre des Comptes publics, Amélie de Montchalin, a réfuté ces chiffres en citant les données de la World Inequality Data Base, affirmant que les 1 % les plus riches détenaient 26 % du patrimoine en 2025 et 27 % en 2023. Elle a en outre averti du risque d’exil fiscal et a rappelé que la taxe Zucman pourrait être contestée sur le plan constitutionnel, tout en soulignant que le dispositif demeure soutenu par une partie des Français.