La secte de Nicolas Feuz : un thriller qui réactive l’Ordre du Temple Solaire

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La secte : un thriller qui réactive l’Ordre du Temple Solaire

Le roman La secte, signé Nicolas Feuz et publié chez Rosie & Wolfe en octobre 2025, franchit le pas entre réalité et fiction en puisant dans les drames associés à l’Ordre du Temple Solaire (OTS). Après d’autres tentatives littéraires d’inspiration similaire, l’auteur suisse propose une approche fictionnelle qui explore les dynamiques d’embrigadement et les effets durables de ces crimes, au cœur d’un polar contemporain.

Contexte et dispositif narratif

Trente ans après les faits qui ont marqué les esprits, le roman fait revenir l’OTS dans une intrigue contemporaine. Le récit place cinq personnages, isolés dans un refuge des Alpes valaisannes, coupés du monde par une tempête et l’absence de tout réseau de télécommunication, sous la houlette d’une coach en remise en forme nommée Gaïa Glassey, promettant des méthodes \”dures\” de restauration personnelle.

Intrigue et procédés narratifs

Dès les premières scènes, une mort survient et entretient une ambiguïté typique des drames liés à l’OTS : suicide ou homicide ? Le cadre technique d’une station de ski — télésièges, ratracks et dispositifs anti‑avalanches — est progressivement réinterprété comme un mécanisme de violence, conférant au récit une dimension spectaculaire et cruelle.

Enquête et protagonistes

Pendant ce temps, l’inspectrice genevoise Ana Bartomeu, en arrêt maladie après deux infarctus, est entraînée malgré elle dans une nouvelle enquête menée avec un collègue valaisan. Apparue dans Le philateliste (2023), cette policière s’attache à des affaires d’un disparu et découvre les archives d’un procès secret lié à l’OTS, faisant émerger un lien entre le passé et les morts survenant au refuge.

Récits gigognes et dynamiques familiales

L’auteur a recours à un mécanisme narratif gigogne qui mêle histoires et destins macabres de la secte à sa fiction contemporaine. Progressivement, un lien se dessine entre le passé sordide de l’OTS et les décès du refuge, inscrivant la responsabilité des crimes et leurs suites dans une question générationnelle.

La famille comme terreau de violences

Au-delà des trajectoires sectaires, le roman explore les tensions familiales et le rapport entre parents et enfants comme levier des violences. Feuz évoque, en parallèle, ses propres liens avec ses enfants : sa fille aînée travaille aux remontées mécaniques de la station évoquée dans le roman et aurait, selon l’auteur, inspiré l’idée d’une scène violente sur la montagne.

Publication

Nicolas Feuz, « La secte », Rosie & Wolfe, octobre 2025.