Le Nobel de littérature attribué à l’écrivain hongrois Laszlo Krasznahorkai
Le romancier Laszlo Krasznahorkai, âgé de 71 ans, a été désigné lauréat du Nobel de littérature. Son travail est décrit comme « un écrivain hypnotique », marqué par un style exigeant et une œuvre mêlant mélancolie et tonalités proches de l’apocalypse.
Selon le traducteur anglais George Szirtes, évoquant son œuvre dans une interview citée par l’AFP en 2016, Krasznahorkai « vous attire jusqu’à ce que le monde qu’il évoque fasse écho en vous, jusqu’à ce que ce soit votre propre vision de l’ordre et du chaos ».
Parcours et réception critique
Né le 5 janvier 1954 à Gyula, dans le sud-est de la Hongrie, Krasznahorkai est particulièrement lu en Allemagne, où il a vécu, et en Hongrie, où de nombreux lecteurs le considèrent comme l’un des auteurs vivants les plus importants. Son nom revient régulièrement dans les analyses des critiques littéraires. Il est le deuxième Hongrois à obtenir le Nobel de littérature, après Imre Kertész, lauréat en 2002 et décédé en mars 2016.
Œuvres marquantes et tonalité narrative
Le romancier est réputé pour un style difficile et exigeant, parfois décrit comme « la réalité examinée jusqu’à la folie ». Son penchant pour les longues phrases et les paragraphes rares lui a valu l’étiquette d’« obsessionnel ». Il explore des thèmes de dystopie postmoderne et de mélancolie. Son premier roman Satantango, publié en 1985, l’a fait connaître en Hongrie et demeure l’une de ses œuvres les plus célèères. L’histoire se déroule dans un village en déliquescence de l’ère communiste et se compose de 12 chapitres formés chacun d’un seul paragraphe; le traducteur Szirtes l’a décrit comme « une lente coulée de lave narrative ». Satantango a donné lieu à une adaptation cinématographique majeure, un long-métrage de plus de sept heures réalisé par Bela Tarr en 1994.
Ce même réalisateur a également porté à l’écran une adaptation du roman La mélancolie de la résistance (1989) en Werckmeister Harmonies (2000), transposant l’univers postapocalyptique dans son film.
Héritage et distinctions
Les critiques ont souvent rapproché Krasznahorkai d’écrivains comme Samuel Beckett et Fiodor Dostoïevski; Susan Sontag l’a présenté comme le « maître hongrois contemporain de l’apocalypse », évoquant des parallèles avec Gogol et Melville. Son roman Guerre et guerre (1999) a été décrit par James Wood du New Yorker comme l’une des expériences les plus troublantes qu’il ait vécues en tant que lecteur.
En 2015, Krasznahorkai a reçu le prix Man Booker International pour l’ensemble de sa carrière, devenant le premier auteur hongrois à obtenir cette distinction. Il a cité Franz Kafka, Jimi Hendrix et Kyoto comme sources d’inspiration lors de son allocution. Interrogé sur les images apocalyptiques qui traversent son œuvre, il a répondu : « Peut-être suis-je un écrivain qui écrit des romans pour des lecteurs qui ont besoin de la beauté de l’enfer ».